Un journal de bord

Si lire est une passion, écrire naît d’une envie. À chacun la sienne. Pour ma part, l’appel du cœur a supplanté tardivement la voix de la raison. Oh, bien sûr, j’ai ressenti dès le plus jeune âge le besoin de poser des mots sur le papier – comme d’autres rêvent d’un destin d’astronaute, d’artiste, ou de leur propre gloire en se rasant. Mais la raison l’a emporté. Des chemins tout tracés ont pris le pas. Les années ont passé entre une vie de travail et une bulle de famille. La plus belle. Hors de question donc de regretter ce temps filant.

Sauf qu’à trop réfléchir, l’instinct se bride. L’inconscient ronge son frein. Réduit au silence, il finit enchaîné à bas bruit au milieu des certitudes de façade.

Le mien s’est libéré sans prévenir à l’automne 2023. La cause ? Allez savoir. Certains évoqueront une pandémie qui a chamboulé notre société plus qu’on ne le croit désormais. D’autres citeront la fin d’un cycle personnel, la perte de sens professionnel ou, pourquoi pas, la crise de la quarantaine… La vérité est plus complexe. Protéiforme. Je la résume alors en ces mots : écrire naît d’une envie.

Encore faut-il l’accepter. L’assumer en faisant tomber soi-même le mur de certitudes.

De ses décombres, j’ai exhumé un vieux coffre. Inconscient, évidemment. Un tiroir fermé à double tour dans ma mémoire, où j’avais rangé le brouillon d’un roman. C’était en 2005, presque vingt ans auparavant. L’antichambre d’une promesse intime qui viendrait autour du 26 décembre suivant.

La lecture de ces feuillets allait agir comme un déclencheur, à défaut d’une révélation. L’unique scène décrivait un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay à la recherche de sa compagne disparue, et croyant l’apercevoir depuis son bureau, sous l’orage au milieu des voitures. Avec le recul, je jugeai l’ouverture ratée. Mais garderais la course éperdue au milieu de la foule (bien plus loin dans l’intrigue déplacée au Pérou), le Quai d’Orsay… et surtout, le taxi sous la pluie.

Le prologue du « Marcheur de l’aurore » était là. Il ne manquait que le reste. Facile à dire. Écrire naît d’une envie, certes, mais l’entretenir au quotidien peut relever du sacerdoce. Une discipline matins, soirs, week-ends et même les nuits. Tous les auteurs le savent. Moi, je le découvrais. Avec rudesse, quelque découragement et néanmoins une joie sans cesse renforcée.

La joie d’écouter son cœur.

Juillet 2025. L’ouvrage est achevé. Enfin. Quelques mois auront été nécessaires pour accomplir un vrai travail d’éditeur – relectures, mise en page et création de la couverture, avec l’aide d’artistes remarquables. Avant la diffusion, puis la promotion. Mais l’essentiel pour moi est ailleurs à cet instant.

Promesse tenue.

« Le Marcheur de l’aurore » vit maintenant sa propre existence. Une sensation particulière, semblable à celle d’un parent devant l’envol de son enfant. Entre nostalgie et fierté. Voire plus : je ne m’attendais pas à cette réussite – comme quoi, on ne croit jamais assez en l’audace salutaire de la jeunesse.

Vos avis à ce point positifs donnent raison à l’appel du cœur. Certains me touchent profondément ; je les citerai ici avec l’accord de leurs autrices. La plupart témoignent d’une (belle) surprise ou d’un voyage plaisant grâce à l’amour qui unit Aude à Hadrien. Tant mieux, c’était aussi le sens de cette histoire.

Quelques messages évoquent toutefois l’idée d’en savoir plus sur les à-côtés du livre, sur mes inspirations, voire sur le parcours qui m’a mené devant vous.

D’où ce « blog ».

Un carnet, un journal de bord, que j’essaierai d’animer fidèlement.

À la hauteur, je l’espère, de votre soutien.

Je vous dis à bientôt.

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Victor Costa